Equinoxes et solstices

Ces notions sont aujourd’hui plutôt bien assimilées puisqu’elles démarquent nos quatre saisons à nos latitudes métropolitaines.

L’équinoxe, c’est une journée de l’année où la durée du jour est la même que celle de la nuit. Cela se produit deux fois par an : l’équinoxe au début du printemps (en 2022, le 20 mars) et l’équinoxe au début de l’automne (en 2022, le 22 septembre).

Le solstice d’été commence l’été en étant la journée de l’année où la durée du jour est la plus longue (en 2022, le 21 juin).
Le solstice d’hiver commence l’hiver en étant la journée de l’année où la durée du jour est la plus courte (en 2022, le 22 décembre).

Cette description est une vision très “métropolitaine” de la réalité puisque les saisons climatologiques ne correspondent pas aux saisons astronomiques en tout point de la Terre puisqu’elles sont inversées dans l’hémisphère sud. Ainsi la journée du solstice d’été correspond au début de la saison climatologique d’été dans l’hémisphère nord alors que c’est le début de la saison climatologique d’hiver dans l’hémisphère sud. D’ailleurs, c’est en saison astronomique d’hiver que la Terre est au plus proche du Soleil.

Qu’en est-il vraiment à l’époque antique en Egypte ? L’année égyptienne hier comme aujourd’hui est divisée en trois saisons climatologiques : celle des crues Akhet (aujourd’hui ces crues sont régulées par les barrages), celle des semailles Peret et celle des moissons Chemou. Pour autant, le Zodiaque de Denderah fait état de ces saisons astronomiques (Fig. 1).

  Fig.1 Les équinoxes et solstices sur le Zodiaque de Dendérah. Sur fond de la représentation en grés du Zodiaque de Dendérah, le ciel étoilé simulé de 760BCE a été projeté. On constate que les différents éperviers représentés dans le Zodiaque, ici mis en avant en les colorant en blanc, coïncident avec les équinoxes et solstices. Le tracé jaune marque l’écliptique, c’est à dire la course du Soleil lors de cette année là. Les ronds jaunes positionnent le Soleil à des instants particuliers de l’année. EP : équinoxe de printemps, SE : solstice d’été, EA : équinoxe d’automne, SH : solstice d’hiver. Le rond rouge positionne le soleil SH en 1400 BCE, le rond orange positionne le Soleil SH en 51 BCE. Précisons que pour ces deux dates, nous avons juste reporté ici la position du Soleil obtenue dans des ciels étoilés simulés différents en tenant compte du phénomène de précession des équinoxes impactant la projection stéréoscopique tout en imposant comme référence commune la position de l’étoile Sirius, ici le rond noir à droite. A remarquer que l’équinoxe de printemps est mis en évidence par un épervier plus gros (c’est l’instant de l’année où la trajectoire du Soleil semble passer au-dessus de la trajectoire de la Lune, et cela jusqu’au prochain équinoxe). Le gros épervier à droite posé sur la colonnade papyriforme marque le début d’une saison égyptienne, Akhet, celle de la venue de la crue liée aux fontes des neiges d’hiver au niveau des sources du Nil (blanc venant du lac Victoria et bleu venant du lac Tana) et de ses affluents. 

Clément d’Alexandrie (150-215 ACE) nous apprend que les égyptiens désignaient symboliquement par un épervier l’équinoxe de printemps (Stromates, livre 5). Ce même auteur met en avant le fait que le Soleil acquiert de la hauteur, c’est-à-dire son exaltation ; puis des fortes chaleurs qui commencent à se répandre.

Fig. 2 : Le symbole de l’exaltation est la coiffure royale (A), celui de la chaleur un flambeau allumé voir un papyrus en fleur ou une colonnade papyriforme (B) et celui du renouveau un flambeau allumé surplombé d’un épervier coiffé de la coiffure royale, le Phénix (C). Ceci reste bien sûr qu’une interprétation possible.

Les éperviers semblent ainsi représenter un instant dans la course du Soleil sur la voûte céleste.

Le Zodiaque de Denderah dans son emplacement initial au plafond d’une des chapelles était fixé de telle façon que la colonne papyriforme soit orientée vers la face nord du temple. Cependant, le temple est incliné de 18°30′ (voir l’article sur le Lever héliaque de Sirius) vers l’est par rapport au vrai nord.

Ce qui fait que le Zodiaque est orienté vers le vrai nord suivant l’axe des solstices mais surtout, ce qui est intéressant de remarquer, c’est que l’axe des équinoxes est alors orienté suivant l’axe est-ouest vrai. Hors, lors des journées d’équinoxes le Soleil se lève exactement à l’Est pour se coucher exactement à l’Ouest. Ce choix judicieux relie astronomiquement directement le contenu du Zodiaque avec son temple.

Au moment de la rédaction de cet article, l’auteur n’a pas encore identifié sur le Zodiaque le début des deux autres saisons climatiques égyptiennes.

[] Traité du Zodiaque de Dendérah et …, Camille Duteil, 1838

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